T’étais pas d’humeur, ce jour-là. C’était pas ton jour, comme beaucoup de fois en ce moment. Le temps n’était pourtant pas morose, le ciel ne pleurait pas dans un flot incessant, le soleil brillait à toute heure et réchauffait les cœurs, le tien semblait être une terrible exception. À peine un pied posé hors du lit que tu pestais déjà sur une journée qui s’annonçait pourtant bien. Quelque chose n’allait pas, ça ne tournerait pas rond, c’était un sentiment qui te tiraillait souvent, une intuition qui débarquait de bonne heure pour t’avertir qu’une merde allait te tomber dessus. T’avais traîné les pieds, te préparant avec une lenteur déconcertante, parce que de toute façon, arriver en retard, c’était ton quotidien, ton petit rituel pour démarrer ton boulot comme il se doit, croisant les doigts pour ne pas avoir à taper la discute aux petits vieux incapables de dormir jusqu’à neuf heures du matin ou à subir les cris déchirants de sales gosses ne tenant pas en place. Chaque jours tu priais, oui, et à tous les coups tes pires cauchemars faisaient surface, poisseuse. Adossé à une des fenêtres de ton petit salon, t’observais le monde qui défilait sous tes yeux, beaucoup couraient, d’autres lézardaient sur des chaises à la terrasse de café, le temps suivait son cours tandis que dans ton petit foyer, tout semblait s’être arrêté, les heures et les minutes n’avaient aucun impacte à l’intérieur de ton appartement. T’aimais cette impression d’être hors d’atteinte d’absolument tout, ça te rassurait, tu t’y sentais bien. Tu t’étais bien habillée, espérant sûrement que ta petite tenue allait te sauver d’une journée bien merdique, c’était beau, l’espoir. T’avais posé les pieds dehors dans un long soupire, levant les yeux aux ciel avant de commencer ta longue marche jusqu'à l'épicerie. T’aimais les transports en commun, c’était bruyant, ça dégageait une odeur de cadavre en décomposition avancée et la gueule des passagers n’arrangeaient pas les choses, non, tu préférais l’air pollué à la moiteur des bus et compagnie. T’étais en retard, de quelques minutes à peine. Personne ne t’engueulait, on t’aimait, c’était agréable d’avoir des collègues compréhensifs, crachant probablement dans ton dos, mais au fond, tu t’en fichais pas mal, t’étais pas là pour les écouter, c’était mieux comme ça. L’hypocrisie, c’était ton lot quotidien quelques années auparavant, t’étais habituée. Les clients s’enchaînaient dans un rythme lent, ils étaient peu, tous très silencieux. C’était étrange, beaucoup ressemblaient à des morts-vivants, déambulant dans les rayons sans but précis, une petite promenade au frais, mais surtout, dans une ambiance sereine. Tu rêvassais, t’avais le temps, pouffant de rire avec quelques caissières passant par-là, avant de reprendre la lecture de magasines à conneries, c’était divertissant, ça passait le temps. Et parfois, tu te relevais, souriant à un étranger pour lui soutirer de l’argent au travers de produits hors de prix pour leur qualité, mais tu fermais ta bouche, t’étais payée pour être polie. Ta journée n’était finalement pas si terrible, c’était presque agréable, de ne rien faire au frais, tandis que beaucoup suaient comme des porcs à l’extérieur. T’espérais que ça dure jusqu’à la fermeture, tu priais pour un petit miracle, le premier dans ta petite existence, et encore une fois, t’en étais privée. T’avais pas relevé les yeux, à ce moment-là, trop absorbée par ta lecture. Tu t’étais simplement relevée, attendant jusqu’au dernier moment pour retirer le magasine de ton visage. Tu l’avais baissé brusquement, en affichant un large sourire pour te faire pardonner. T’avais bloqué sur la personne, te tapant un blanc monstrueux avant de pouffer de rire, un rire nerveux, presque paniquée. T’avais virée totalement blanche, presque nauséeuse tu perdais son rictus radieux, remplacé par une grimace terrible. Le cœur battant, perdue entre incompréhension et haine, il se tenait en face de toi. Lui. Tu l’avais de suite reconnu, ses cheveux, les traits de son visage que tu connaissais sur le bout des doigts et son putain d’air bad boy qui t’avait fait craquer quelques années auparavant. Lui, celui qui avait ruiné ta vie, tu sentais encore sa joue claquer contre ta petite main fragile, le sang bouillant qui coulait dans tes veines ce jour-là et surtout, cette rancœur qui t’avait animée. Il était de retour, Liam. T’avais baissé les yeux, te pinçant les lèvres pour ne pas dire un mot, fermant les yeux en prenant une grande inspiration avant d’afficher à nouveau un sourire, cette fois-ci inondé d’ironie et de dégoût. « Bonjour. » Un mot lancé sur un ton presque agressif, tu ne le connaissais pas, tu ne le connaissais plus. Tu passais ses articles un à un, en prenant le soin de ne pas croiser son regard avant d’être contrainte à poser tes yeux sur son visage, un supplice. « Ça vous fera un total de vingt dollar. » Il avait débarqué avant ta pause, le con. Un moment que tu n’allais pas pouvoir savourer, t’allais sûrement être trop occupée à oublier son visage, à l’effacer de ta mémoire sans vraiment le pouvoir. « Vous avez la carte de fidélité du magasin ? » Tu faisais ton boulot malgré tout, il le fallait, rester impassible face à cette ordure, tu le devais, t’avais pas le choix.
Liam Smoak
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Sujet: Re: le chant des sières | ft liam Mer 2 Sep - 12:52
Le chant des sirènes
Madison and Liam
All of my friends are ghosts. All my friends are all my enemies, Know where to put the knife if they could, All the nights & days they said they needed me, Even if it was a lie it was good, Ups and downs, We're friends&enemies. We're friends&enemies.
✻✻✻
Allongé dans son lit, Liam passait en revue l'article qu'il avait écrit. Il avait, certes, passé la plus claire de sa nuit a tapé sur ses touches en plastique, et il en était plutôt satisfait. Du moins, de son point de vue. Il était persuadé que son supérieur trouverait quelques modifications a y apporter. Comme toujours. Appuyant sur la touche entrée, le mail contenant en pièce jointe son bout de texte s'envoyait. Il avait négocié une journée de détente. Interviewer la grand-mère de la ville, celle qui a toujours une histoire à dormir debout à vous raconter, celle que personne ne veut aller voir tellement elle vous faisait manger, afin d'obtenir ces vingt-quatre heures rien que pour lui. Il soufflait légèrement, étirant ses membres un poil endoloris. Tout en refermant son ordinateur portable, qu'il prit soin de ranger dans sa pochette, il tentait de créer l'emploi du temps parfait pour profiter à fond de ce répit qu'on lui avait accordé. Il faut dire qu'il se plongeait tellement dans son boulot qu'il en oubliait parfois que la vie pouvait offrir autre chose qu'une vue sur un bâtiment. En caleçon, il se dirigea vers la cuisine où son meilleur ami préparait le petit-déjeuner. L'odeur de bacon fumé mélangé aux pancakes le faisait saliver. Un sourire vint se poser sur son visage, saluant l'homme qui habitait avec lui, il installa la table. Deux assiettes, deux verres qu'il prit soin de remplir de multifruit et des couverts. Les deux jeunes garçons déjeunèrent dans un calme déconcertant. Il était rare qu'on ne les entendent pas dans tous le quartier. Entre leur blagues à la con, leur fou rires et juste leur façon de parler forts, ils ne passaient pas inaperçus dans le coin. Pourtant, en cette matinée, c'était le cas. Et Liam n'arrivait pas à supporter ce blanc. « Quelque chose ne va pas ? » Il s'attendait à ce que son ami lui dise avec sa franchise habituelle ce qu'il avait sur le coeur. En dépit de quoi, il eu droit à la pire des excuses possible. « Qu'est-ce qui te fait penser cela ? » Sourire en coin, Liam comprenait parfaitement qu'il ne veuille pas en parler. Pas de suite en tout cas. Si c'était ce qu'il voulait, alors il attendrait. « Rien.. J'avais prévu d'aller faire un footing ce matin, tu viens ? » Etre accompagné le motivait et il savait que Logan ne refuserait pas. Mais la réponse ne venant pas, il commençait le peu de vaisselle qu'il y avait. Liam finit par croire que son colocataire ne l'avait pas entendu. Au moment où il allait lui reposer la question, ce dernier lui donna enfin la réponse à son attente. « Tu rigoles ? T'as vu la chaleur qu'il fait ! Tu veux mourir ou quoi ? » Liam haussa les épaules. « Je suis suicidaire, que veux-tu.. » Le regard assassin de son ami lui coupa toute envie de rire. Rooh. Allez ! Un peu d'humour quoi. Bon, ok, il n'était pas des plus drôle. Mais quand même. Il ne voulait pas venir, tant pis. Liam courirait seul. Il laissa Logan dans la cuisine et partit dans sa chambre. Il enfila rapidement un jogging et un haut de sport. Il rangea son téléphone portable dans une pochette-bracelet qu'il mis à son biceps. Basket à ses pieds, il était fin prêt à affronter la chaleur et éliminer quelques calories. La musique dans ses oreilles, il se mît à zigzaguer dans les différentes rues, ne faisant pas attention où il allait. A vrai dire, il s'en foutait un peu. Il voulait juste s'évader, respirer, profiter. Et boire. Il ralentit l'allure à quelques centaines de mètres d'un supermarché. Il prit le temps de reprendre une respiration qu'il jugeait normal avant d'y entrer. Il repéra automatiquement le stand des boissons. Il mît dans un panier deux grandes bouteilles d'eau et, sans le vouloir, son regard se posa sur le stand des pâtisserie. Bien qu'il n'est pas à proprement parlé faim, il avait cette envie folle de se faire plaisir. Il ajouta donc deux éclairs au chocolat et deux autres à la vanille. Et, histoire de se sentir moins coupable de tout ce sucre, il prit quelques fruits. Il vérifia avant de passer en caisse d'avoir suffisamment sur lui pour payer. Il aurait bien l'air con de devoir demander à mettre ses aliments de côté, le temps qu'il aille à la banque, reprendre quelques billets. Il posa ses futurs-achats sur le tapis d'une caissière cachée par un magazine people. Il leva les yeux au ciel. Il détestait ces genres de livres, ce n'était que des rumeurs, jamais rien de fondé, que des pages à ragots en tout genre. Le journal à people baissé, Liam devint presque aussi blanc que la femme devant lui. Ce regard, ces mimiques, il les connaissait. Madison. Mais ce n'était pas possible, il devait rêver. Il avait justement emménager dans le coin pour échapper à son passé, ce n'était pas pour le retrouver.. Oui, il était entrain de rêver ou cauchemarder, il ne savait pas trop. « Bonjour. » Sec, brut. Il n'y avait plus de doute. C'était bien elle. Liam gardait les yeux perdues sur ce visage qu'il avait tant côtoyé et qui l'avait tant déçu. Il ne répondit pas, encore trop sous le choc. « Ça vous fera un total de vingt dollars. » Liam posa une main sur sa joue, comme s'il ressentait encore les picotements de la claque qu'elle lui avait mis, trois ans auparavant. Ses sensations lui firent comprendre qu'il attendait depuis quelques minutes debout, comme un con. Il sortit un billet de 50$ et les tendit. « Vous avez la carte fidélité du magasin ? » Non. Il était même pas sur d'en vouloir une. « Mhm.. Non. » Il voulait stopper ce moment, et en même temps le continuer. Trop de contradictions dans son cerveau qui lui fit perdre le contrôle de ses paroles. « Je savais pas que tu habitais là, Madison. » Il baissa le regard vers l'etiquette de son haut : Madison Williams. Il n'y avait plus aucun doute. C'était elle. « Est-ce que.. » Il s'arreta un instant. Est-ce vraiment ce qu'il souhaitait ? Peut-être serait-elle plus clémente à lui parler, l'ecouter. « Est-ce que tu aurais du temps à m'accorder ? Pour qu'on parle.. » Heureusement, personne n'attendait derrière lui, il pouvait prendre tout son temps.
Il s’était pointé là, arrivé comme un cheveu sur la soupe à ton propre boulot. Il t’avait fixé longuement, presque aussi surprise que toi, si ce n’était plus, avant de te tendre un billet. Il ne savait pas que t’étais dans cette ville Madison. Ta présence lui avait fait sûrement l’effet d’une deuxième gifle au même endroit. Tandis que lui tentait de communiquer avec toi, tu restais sourde, muette, complètement fermée. C’était égoïste et méchant, mais tu te protégeais. T’avais longuement soupiré avant de plonger ton regard dans le sien. C’était étrange, un sentiment que tu ne pouvais définir t’avait animé, c’était pas désagréable. Tu n’avais pu t’empêcher de scruter le moindre trait de son visage, passant en revue chaque marque que le temps avait pu laisser sur lui. Il ne semblait pas avoir bougé, il était le même homme qui t’avait totalement brisée quelques années auparavant. « Voilà votre monnaie. » T’avais glissé les billets et quelques pièces sur le rebord de la caisse pour n’avoir aucun contact avec lui, parce que tu ne voulais pas le frôler, sentir sa peau contre la tienne. Pourquoi ? T’avais peur oui, t’avais peur de revenir sur tes pas, replonger en arrière et regretter ta décision. « Et oui, Liam, j’habite la ville, ça fait deux années que j’ai posé mes valises ici, que je me suis reconstruite. » Souvent, tu songeais à une rencontre ce genre avec l’homme qui avait partagé ta vie avant de te faire redescendre violemment sur terre. Chaque fois, tu te demandais quelles auraient pu être ta réaction, tes phrases et tes sentiments, tout se terminait souvent dans un mélange de haine, de cris et de larmes, une scène dramatique que tu ne pouvais te permettre de réaliser ici, au milieu de tous. Alors t’avais décidé de fuir, te prendre tes jambes à ton cou et de disparaître, balayant tout espoir de dialogue. T’espérais qu’un client débarque derrière le jeune homme pour le forcer à s’en aller, mais le destin ne jouait pas en ta faveur, non, t’étais seule sur ce coup. « Non, Liam, on ne peut pas parler, je suis au boulot, j’ai des choses à faire. » T’étais prête à te lever, faisant mine d’accourir à une tâche quelconque qui t’attendait afin de t’éclipser loin de lui, de ses yeux, de son corps. Tu t’étais mise sur tes deux jambes, plantant ton regard dans le sien, fin prête à détaler. Une voix attira à nouveau ton attention, une voix qui te semblait étrangement familière, une silhouette s’était dessinée derrière une de tes épaules, s’adressant à toi sur un ton gêné. « Madison, tu peux prendre ta pause, il y a plus rien à faire pour le moment. » Elle était gentille, cette collègue, mais dans un geste maladroit, et en quelques paroles seulement, la jeune fille venait de détruire ton plan entier, te mettant à nue face à l’unique personne que tu ne voulais pas confronter. T’avais levé les yeux au ciel, soufflant entre tes dents un simple « Merde » avant de remercier avec une certaine amertume cette jolie brunette. T’avais soupiré à nouveau, plantant tes yeux dans ceux du beau brun, lui faisant face malgré toi. « Bon, finalement j’ai pas tant de boulot que ça et je pense pas avoir le choix en ce qui concerne cette discussion, si ? » Tu lui avais tourné le dos, entamant une marche de quelques secondes, secouant ta main, signe que Liam était autorisé à te suivre. Tu t’étais engouffré dans une petite salle réservée au personnel, attrapant une tasse que tu t’étais empressé de remplir avec un peu de thé aux fruits rouge avant de te retourner vers l’homme qui t’avait humilié. Vous étiez là, au beau milieu d’une minuscule pièce, un face à face qui s’annonçait quelque peu électrique. « Alors Liam, je t’écoute, que me vaut ce magnifique retour ? » T’avais avalé une gorgée, avant de reprendre directement. « Tu t’es dit que m’humilier trois ans auparavant ça t’a pas suffi ? Qu’ici aussi, ça pourrait être marrant ? » Il ne pouvait pas en placer une. T’étais là, à sortir les griffes et les crocs prête à en découdre, t’avais la haine, t’étais une boule de colère sur le point d’exploser, t’avais surtout peur, peur que tout recommence, que ce schéma infernal ne se répète une fois encore. T’avais trouvé une petite ville accueillante, sympathique où t’étais capable de reconstruire quelque chose de nouveau, de beau, mais non, il avait débarqué, Liam. Il était réapparu pour ton plus grand malheur. Tu ne jouais pas la carte des retrouvailles, lui demander comment s’était passé ses deux dernières années ne t’était même pas venu à l’esprit, t’étais ancrée dans tes paroles, tes dialogues étaient déjà formés il a bien longtemps maintenant, t’avais l’occasion de déballer ton sac, alors tu le faisais.
Liam Smoak
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Sujet: Re: le chant des sières | ft liam Dim 6 Sep - 15:25
Le chant des sirènes
Madison and Liam
All of my friends are ghosts. All my friends are all my enemies, Know where to put the knife if they could, All the nights & days they said they needed me, Even if it was a lie it was good, Ups and downs, We're friends&enemies. We're friends&enemies.
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Liam a le choix. Oublier tout ce qu'il vient de se passer, ce qui, à son avis, serait le mieux à faire pour rester sain d'esprit. Ou tenter d'avoir une discussion sérieuse avec la femme qui se tient devant lui. Deux choix totalement différents qui rendent vers deux conséquences différentes aussi. Pouvait-il se permettre de demander un peu du temps de Madison pour parler d'un sujet qui n'est tout sauf rose et heureux ? Surement pas. Mais il ne se voyait pas rentrer à l'appartement et annoncer à son meilleur ami qu'il avait revu la femme qui l'avait fait descendre aux enfers et qu'il était repartie sans rien demander. Après tout, il en avait des questions à poser, des excuses à donner et des mots à dire. Ses pensées semblaient lui remettre sans cesse devant les yeux les passages qui sont arrivés suite à son départ de Nashville. Les commérages, les rumeurs, les bruits.. Même sa bande d'amis d'époque l'avait lâchement abandonner dans cette merde qu'il avait, en partie, réalisé. « Voilà votre monnaie. » Liam tend la main, un poil maladroit, mais Madison préfère poser l'argent à côté du tapis roulant. Bien. Ces réactions avaient le don d'être on ne peut plus clair. Elle ne voulait pas le voir, ne voulait rien avoir à faire avec lui. Et pourtant, Liam attendait là, prenant le temps de ramasser à une vitesse d'escargot chaque pièce et chaque billet se trouvant devant lui. « Et oui, Liam, j’habite la ville, ça fait deux années que j’ai posé mes valises ici, que je me suis reconstruite. » L'amertume qu'elle avait mis en prononçant son prénom venait de refroidir toutes ces tentatives pour s'expliquer. Mais elle avait eu le don de mettre en avant le fait qu'elle le connaisse toujours, et, malgré tout, il ne peut éviter ses lèvres de s'étirer légèrement sur son visage. Un sourire doux, simple, presque d'excuse. Lui aussi tentait de se reconstruire, et il n'en était qu'au début de cette étape contrairement à Madison qui semblait avoir passer le cap. Le jeune brun voulait la laisser là, récupérer ses achats et s'enfuir de ce magasin. Il avait même dans l'optique de regarder derrière lui quand les portes automatiques se fermeraient derrière lui, un peu comme dans les films à l'eau de rose. En se disant que si Madison le regardait, c'est qu'il y avait toujours espoir d'une discussion. Et, dans le cas contraire, il ne remettrait plus jamais un pied ici de sa vie, en tentant désespérément d'oublier le visage toujours aussi magnifique de la jeune femme. Finalement, les mots sortirent de sa bouche. Pouvait-il se voir et discuter ? Il n'aurait su dire à première vue si la réponse serait un oui ou un non. « Non, Liam, on ne peut pas parler, je suis au boulot, j’ai des choses à faire. » Oui ! Il aurait du réfléchir à deux fois avant de demander cela. Elle avait raison. « Bien sur. Je... » Une dame plus âgé le coupa, donnant la permission à Madison de prendre sa pause. Une étoile brilla quelques instants dans les yeux bleu de Liam. « Bon, finalement j’ai pas tant de boulot que ça et je pense pas avoir le choix en ce qui concerne cette discussion, si ? » Il haussa les épaules, ajoutant : « Je ne pense pas, non. » Liam suivit les pas de la jeune caissière, se dirigeant vers l'arrière du magasin. Il n'oublia pas, cependant, de bien récupérer ses achats. Tête en l'air comme il était en ce moment, il aurait été capable de laisser son sachet sur le comptoir. Il observe la jeune femme se servir une tasse. Elle n'a pas vraiment changé en trois années de temps. Elle semble toujours être cette fille à forte tête. Même si les années ont passés, il a l'impression que rien n'a changé en elle. Ces cheveux longs, ses jambes fines, son regard de braise... Elle est restait la même et elle a évolué. Enfaîte, seul cette cassure dans ses yeux est apparut. Une cassure qu'il a fait, qu'il se sent responsable, et, en même temps qui n'a pratiquement rien avoir avec lui. « Alors Liam, je t’écoute, que me vaut ce magnifique retour ? » Liam hausse un sourcil. La jeune femme pensait-elle qu'il était venu ici pour elle ? « Tu t’es dit que m’humilier trois ans auparavant ça t’avait pas suffi ? Qu’ici aussi, ça pourrait être marrant ? » Elle avait le don de savoir donner des claques virtuelles ! Ne voyait-elle donc pas à quel point la voir le détruisait autant qu'elle ? « Je suis pas venu habité ici pour toi, Madison. » Et s'il avait su qu'elle se trouvait ici, il n'aurait surement pas accepté ce poste, voulait-il ajouter. « Après toutes ces années tu es enfin prête à faire face à cette discussion ? Dis-moi ce qui te terrifiait à ce point pour partir sans même entendre la véritable histoire. » Et mieux valait qu'elle ne sorte pas l'excuse de la peur car il savait pertinemment que la jeune femme était bien plus forte que lui à ce jeu des rumeurs. Ou alors, c'était qu'il s'était trompé sur toute la ligne. Liam prit une des chaises et s’essaya dessus. Posant au sol son sac de course, il souffla légèrement, histoire de reprendre du courage. « Écoutes Maddy, je sais d'avance que tu ne croiras pas un traître mot de ce que je vais te dire, alors je préfère de loin juste m'excuser. De toute façon, tu n'auras jamais la patience d'écouter tout ce que j'ai à te dire.. » Et aurait-il lui-même le courage de reparler de ce passé qu'il tentait en vain d'effacer ? Il ne savait pas, et il s'en voulait désormais d'avoir demander à parler pour s'enfuir aussi vite et ne plus vouloir affronter la triste réalité. « Pardon. » Il se releva, plantant son regard dans celui de Madison. « Je ferais peut-être mieux de partir.. » A moins qu'elle ne veuille sortir tout ce qu'elle avait sur le coeur.